"Si le jour de saint-Samson le pinson est au buisson, tu peux bon vigneron défoncer ton poinçon." 

voici quelques extraits des e-mail de ma tante Gabrielle Van Houtteghem et de son mari sur la grange et la ferme:

 

Octave vend à la commune la grange (classée) et les bâtiments à la suite et une grande partie de la 2éme cour (voir centre hippique).

 A la mort de Georgette ces enfants vendent le reste ( la maison et les bâtiments )

Et c’est la fin de la ferme Vanhoutteghem, triste fin !!Victor et Eugénie ne méritaient pas ça !!

P-S J’ai vu dans la réunion du conseil que tu t’investissais dans la restauration du centre du village ( bravo sauve au moins la maison)

A bientôt                                                                          Pierre

Cet  E-mail pour ton association !

                      J’ai visité ce site, j’ai retrouvé cette maison et ces bâtiment à colombages,

Ferme que j’ai habitée et fait prospérer pendant prés de 20ans

avec mon épouse Gabrielle Vanhoutteghem qui elle, est arrivée à l’âge de 2 ans !!

                Verneuil évolue (certes) mais toi notre nièce et petite fille Vanhoutteghem par ta Mère ! essaie avec tes bénévoles à sauver cette maison et ces colombages qui eux pourraient être déplacés.

     Essaie de tout tenter

 Pierre Hamelin et Gabrielle Hamelin Née Vanhoutteghem

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Photo du haut : Victor dans la voiture Marcel Caillot et Lolo le mulet !!!!


Photo ci-contre : les deux personnages assis sont Gaby et Marceau pendant la guerre.


Quel souvenir (c’est merveilleux me dit Tante Gaby)                                                signé Pierre                                


Mes grands-parents étaient belges: ma grand-mère Louise, flamande,  travaillait pour le duc d’Aumale à la ferme d’Apremont, elle était cuisinière et mon grand-père était berger.

Ils sont allés se marier en Belgique puis sont revenus vivre à Verneuil.


Je suis née à la vallée Ste Geneviève.Nous étions 6 filles et 2 garçons.

Je suis arrivée à la Rue des Bois à 5 ans.



L’école


Le matin, nous partions à l’école très tôt, nous utilisions une poussette avec un marche-pied et un guidon.

Les plus petits, ma soeur Jeanine et ma soeur Lucienne étaient assises sur le siège,

ma soeur Louisette et ma soeur Léone marchaient en tenant les montants

et moi, je poussais.

Maman se levait tôt pour traire les vaches, elle nous avait préparé des tartines sur la table pour le petit déjeuner. Elle nous regardait partir, il fallait 3/4 d’h pour arriver à l’école.Nous emportions notre sac à manger avec du jambon salé et des oeufs.

Mme Thiéblot, la directrice faisait réchauffer notre gamelle pour midi.


Nous chaussions des galoches, à semelles de bois et des capuchons.

Comme j’avais des pieds très fragiles, j’avais droit à des chaussures en chevreau qui coûtaient cher à mes parents. Mon père protégeaient les semelles au bout et au talon avec des lunules en fer.


Nous portions une blouse noire à rayures que nous ôtions dès notre retour à la maison, nous étions toujours très soignées.

L’école de filles était dans la rue Pasteur.

J’ai fait ma scolarité avec Gabrielle et Jeannette Vanhoutteghem.


Nous avons déménagé dans la nouvelle école Jules Ferry en 1933.

Un jour que j’étais partie après mes soeurs, pour rattraper mon retard, je me suis accrochée à l’arrière d’une carriole des horticulteurs de Pontpoint.

On les appelait «les capotes vertes» car telle était la couleur du tissu de leurs carrioles et ils allaient vendre leur marchandise au marché de Creil.

Mais au moment où le cheval a trotté, je voulais lâcher prise mais mon doigt était coincé dans une déchirure de la toile ! J’ai couru puis je suis tombée et j’ai été tirée sur plusieurs mètres, sur les genoux, jusqu’à ce que mon doigt se libère !

Quand nous rentrions de l’école, il fallait faire la vaisselle, nourrir les bêtes, rentrer le bois, éplucher les pommes de terre, faire le cidre...


Nous, les filles, nous ne pouvions pas faire nos devoirs, mon père ne voulait pas et le soir, on n’avait pas le droit d’allumer la lampe à pétrole, j’en ai voulu un peu à mes parents de m’avoir empêcher d’étudier.


Une anecdote: la baguette de coudrier.

L’institutrice nous avait demandé de couper une longue baguette de noisetier pour le cours d’histoire.

Avec mon copain René Houdart, on en a trouvé une belle et bien longue, décorée en spirale.

Mais c’est moi qui l’ai inaugurée, je l’ai reçue sur la tête parce que je bavardais, et ça s’est emmêlé dans mes cheveux; j’ai eu très mal.

Le lendemain, on a trouvé la baguette cassée et on n’a jamais su qui l’avait fait et ce n’est pas moi !  j’ai pensé que c’était Léontine Levasseur qui avait voulu me venger.

Mes copines: Mme Anna Legrand, Mme Duquesne Chalumeau.


Le certificat d’études

Je devais passer le certificat d’études à 14 ans , à Pont, début juin.

Or le 28 mai, je tombe malade, avec de la fièvre; donc impossible de passer l’examen.

Comme j’étais émotive, ma mère n’a pas voulu que je le repasse à Creil, fin juin.

Mon frère Hector ne savait pas chanter et pourtant il devait chanter une chanson au certificat d’études et il a chanté «la Marseillaise», et il a eu son certificat à 11 ans et demi.



Le travail

Quand j’ai eu 14 ans, comme c’était moi la plus délurée des soeurs, on m’a «mis en place» chez l’institutrice Mme Maumené pour garder son fils né en 1935.

Parfois, je descendais à la cave, et comme l’escalier de pierre passait devant la fenêtre de la salle commune de la ferme, Eugénie Vanhoutteghem frappait au carreau en disant:

«eh, la tiote à Louise, viens boire un café au lait !»


Nota : Le café, fait dans une cafetière à chaussette, restait au chaud sur le poêle flamand,  Un poêle à large et longue semelle horizontale, sur laquelle on faisait cuire directement les crêpes, après avoir graissé avec un morceau de lard piqué sur une fourchette.


Il y avait toujours une bouilloire sur le poêle.


La vie au quotidien:



Nous avions 1 cheval, 4 vaches et des cochons.

Le laitier passait prendre le lait.

Quand on tuait le cochon, la moitié était mise au saloir, et le reste vendu dans Verneuil. On livrait la viande à pied.

Les filles devaient travailler à la maison, mon père ne voulait pas qu’on travaille à l’usine.

Ma soeur Raymonde puis ma soeur Louisette ont conduit la charrette avec le cheval.


Comme je ne voulais pas travailler avec les bêtes, car j’en avais peur, quand ma soeur aînée Raymonde s’est mariée, je suis allée travailler chez eux , à Brenouille pendant 9 ans.

Ensuite, je me suis mariée à un gendarme et nous avons beaucoup voyagé.

Puis je suis revenue acheter la maison de mes parents.

J’ai aménagé la grange, c’est là que je vis actuellement.


Tous les hivers, la route de Pont était inondée, on passait plus haut sur un chemin à la lisière de la forêt.

Le jardin derrière la maison était inondé.


Les fermes à Verneuil:


la ferme Maubuisson de Rémi Vanlerberghe, mes oncles ont travaillé dans cette grosse ferme. C’était un Belge aussi.


la ferme du Centre, une grosse affaire, car les enfants travaillaient tous pour leurs parents, et la vente du lait permettait d’acheter du matériel. Les champs se situaient au champ d’aviation et ici, le long de l’Oise, en Plaine Basse, où c’était une belle terre ; on en a fait des gravières qui se sont remplies de l’eau de l’Oise et sont devenues des étangs.

La ferme «Vanhout» avait de gros chevaux de trait.

Les Belges ont beaucoup travaillé pour obtenir ce qu’ils ont obtenu.

Les toits de la ferme étaient magnifiques et l’ensemble faisait partie de la façade de l’église.


la ferme Gaillard, une grosse ferme avec des boeufs pour le travail de la terre.


la ferme Pinsson (actuellement la ferme de Jérôme Liénard)


Je me souviens de M.Peders, il portait un Panama, un chapeau blanc de paille de riz. Nous, les enfants, nous nous moquions de lui!


Il y avait de nombreuses petites fermes comme la nôtre.



Il y avait aussi de grandes propriétés comme celle du boucher qui englobait la maison de Fernande Duquesne-Chalumeau et la belle maison 1836.

Les passe-temps à Verneuil:




Les bistrots, il y en avait partout, même un, à la rue des Bois.

Le propriétaire se déplaçait avec une carriole tirée par un baudet.


Tout le monde avait un cheval et une charrette.


Il y avait de nombreuses fêtes à Verneuil: la fête St Honoré, avec des manèges de chevaux de bois, la fête au Marronnier, la fête à la rue des Bois, la fête d’automne...


On buvait de la limonade avec de la grenadine, ça nous faisait des babines roses!. M. Savoye venait avec des tables et des tréteaux et un «tonneau de pinard».


Il y avait un accordéon. Les vieux se retrouvaient tous ensemble autour du calvaire de la rue des Bois sous de magnifiques peupliers.

Nous dansions dans la salle de bal rue du Carroir, à la St Nicolas et à la Ste Catherine, le plancher était très beau.

Nous allions aussi danser dans le baraquement au café de la mairie (derrière la maison de Paul Gardedieu en face de la ferme Vanhout).


A l’école, nous faisions une fête de fin d’année avec une chorale, en face les étangs, dans une grande baraque.


A la maison, nous avons eu l’électricité quand j’ai eu 10 ou 12 ans. Pour nous récompenser du travail accompli à la maison, ma mère nous a acheté une radio. Après la guerre, notre grand plaisir était d’écouter, à la TSF,  l’animateur le plus en vogue à ce moment-là : Zappy Max, sur Radio Luxembourg, dans son célèbre Radio-Crochet.

Mes frères, eux, suivaient avec passion, le Tour de France.


Verneuil était très animé avec les associations de pompiers, le club vélo, (mes frères faisaient des courses), la musique, avec M. Tilloloy, et après M. Debailleux, la gym ( j’y ai participé quand j’étais gosse).


A 18 ans, nous les filles avons eu un vélo neuf. Mes frères ont eu des vélos de course achetés par mon père, très chers qui venaient du «Chasseur français» de  St Etienne, ce qui a mis ma mère très en colère, car c’était hors de prix.

Les repas


A l’école, nous emportions du jambon salé et des oeufs, dans notre «sac à manger».


Parfois, ma mère allait à Creil et nous achetait une banane et une orange.

Nous achetions au boucher qui passait un pot-au-feu ou un ragoût de mouton.

Nous mangions nos oies, nos lapins...


Nous tirions l’eau au puits, avec une pompe.


Nous avions un verger avec des pommes au couteau «la Robin Vert», qui se conservaient sur la paille pendant des mois, des poires «Curé» ou «Conférence». Nous ramassions des poires à vin dans la voirie de Maubuisson et on faisait une compote avec du sucre, de l’eau et un demi verre de vin rouge. Un délice !


On faisait notre cidre.


On allait chercher le cresson de fontaine que l’on coupait avec une faucille, c’était bon.


Le jour de la fête à Verneuil, mon père allumait le four à pain extérieur, ma mère faisait la pâte levée.

On faisait 20 tartes, des pains au lait avec des raisins, des flans, des crèmes...puis les volailles restaient toute la nuit dans le four encore chaud et cuisaient doucement. Hum !

Picasso à Verneuil: (1908)

Il habitait «le Marais» à Paris. Il était fauché et malade, il avait la tuberculose.


Il est arrivé à la gare de Creil (avec sa compagne Fernande Olivier) ; un vieux parisien est allé le chercher, pour l’amener chez la mère Louise, ma grand-mère. On l’appelait «le barbouilleur».

«Il séjourne à la Rue-des-Bois, village à 60 km au nord de Paris, durant l'été et en octobre, il propose la version définitive des Trois femmes (Leningrad, Ermitage).»Wikipédia


Il peignait les rangées de saules et de peupliers.

Il est resté 2 mois à manger des bons oeufs, du fromage, et boire le lait de nos vaches.


Il a peint ma grand-mère, avec ses sabots et ses tabliers, le tableau s’appelle «la Flamande»

Pablo Picasso (La Rue des Bois, été 1908)
"La Fermière en pied"(h/t - 85x56cm)
Musée de l'Ermitage,

Saint Pétersbourg

Picasso et Fernande Olivier

Pablo Picasso (1906) «Portrait de Fernande»

Pablo Picasso - (La Rue des Bois, été 1908)« Paysage»

(h/t - 73x60cm)

Collection particulière. 

Pablo Picasso - (La Rue des Bois, été 1908)« Paysage » Aquarelle et gouache sur papier

(h/t - 64x49,5cm)

Kunstmuseum,Berne 

Une exposition a eu lieu en 2003, organisée par les AVV.

AVV Catalogue de l’exposition : «L’été 1908 à Verneuil-Pablo Picasso et Fernande Olivier à La Rue des Bois» Numéro hors série Mai 2003.

Bulletin n°86 Juin 2003 AVV

Pablo Picasso - (La Rue des Bois, été 1908)

« Vase de fleurs et verre avec cuiller »

(h/t - 73x60cm)

Musée de l'Ermitage,

St-Petersbourg

Pablo Picasso - (La Rue des Bois, été 1908)

« Nature morte aux fleurs »Huile sur toile

(h/t - 38x46cm)

Collection particulière


PROPOS RECUEILLIS PAR Mathilde CHEVRIER ET Nathalie DAUMERIE LE 19 janvier 2011, rue des BoisPAROLE_DANCIENS_files/Paroles%20d%27anciens-Rolande%20Huin-janvier%202011.pages

Mme H. habite la Rue des Bois ;

elle est née en 1921, elle a 90 ans...

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