Article du Courrier Picard

lundi 02 mars 2009

BEAUVAIS L'écoconstruction, si peu enseignée

Initiation à la pose de torchis, organisée le dimanche 22 février dernier, à l'Ecospace de la Mie-au-Roye, par l'association Maisons paysannes de l'Oise.

Le patrimoine rural fait de l'écoconstruction comme Monsieur Jourdain de la prose. Mais que ce soit dans les lycées, chez les artisans et les architectes, cet héritage est peu valorisé. Gilles Alglave, des Maisons paysannes de l'Oise, le déplore.

« Les artisans spécialisés dans les constructions traditionnelles ont deux ans de travail devant eux. Ils ne vont pas chercher le client, c'est lui qui vient à eux. » Gilles Alglave, président des Maisons paysannes de l'Oise, sait de quoi il parle : « La première chose que viennent demander mes nouveaux adhérents, c'est des adresses d'artisans qui travaillent avec autre chose que du béton, du parpaing et de la brique industrielle. »

Maisons paysannes est un vrai défenseur avant la lettre de « l'écoconstruction » : mot nouveau pour désigner d'anciennes pratiques, ces architectures vernaculaires dont les infinies nuances - de torchis plaqués sur des pans de bois - se conjuguent de communes en cantons et en pays.

Ce combat de sauvegarde est loin d'être gagné, selon Gilles Alglave. Aucun lycée du bâtiment de l'Oise n'offre un savoir constitué sur ces techniques traditionnelles aux futurs maçons. Marie-Hélène Pauly, proviseure-adjointe du lycée des métiers du bâtiment Jean-Baptiste-Corot, en convient : « Ces techniques sont évoquées, mais on travaille plus sur le ciment et le parpaing ».

Le constat est le même à l'Association nationale de formation professionnelle des adultes (AFPA). Depuis trois décennies, Gilles Alglave voit des métiers se perdre et d'autres naître - « plaquiste », « fenêtrier » - beaucoup moins qualifiés. « Plus les produits deviennent sophistiqués et standardisés, moins leur mise en œuvre réclame de savoir », explique-t-il.

Les architectes sont à la même enseigne. « Sauf ceux qui ont suivi la formation "patrimoine" de l'école de Chaillot », souligne Gilles Alglave.

Toutefois, les conseils d'architecture, d'urbanisme et d'environnement (CAUE) départementaux remplissent une fonction utile vis-à-vis de ces constructions du cru. Elles resteront durables ... à la condition de savoir les entretenir dans des règles remises au goût du jour.

D.G.

Il était une fois La maison du XVème

A Beauvais, dans les années 90, rue Jean-Baptiste Oudry, une vieille maison en ruine que les tumultes des siècles n'avaient pas réussi à détruire, attendait tristement qu'une dernière rafale de vent veuille bien la rendre à sa terre originelle. Tel est le triste début de l'histoire de la maison du XVème siècle.

Cette maison fut ensuite repérée comme étant la plus ancienne de la ville (construite en 1410). Apprenant la situation, l'Association "Maisons Payanne de l'Oise" décida d'intervenir pour sauver ce patrimoine. Pour ce faire, la maison étant sur un terrain privé, il fallait donc la déplacer. La première étape consista à démonter la maison afin de libérer le terrain. Le démontage fut confié à un maitre charpentier adhérent de l'association. Les tuiles de toit et les briques de la cheminée furent soigneusement récupérées et on démonta la charpente en bois. La deuxième étape consista à la remonter sur un autre terrain appartenant à l'Etat et situé juste derrière la cathédrale.

Les travaux commencèrent en septembre 1993. Ils consistèrent, entre autre, à réassembler la charpente et à la remonter selon les méthodes traditionnelsle. Le toit fut recouvert avec les tuiles plates d'origine, et on remonta la cheminée avec les briques qui avaient été soigneusement récupérées. Des adhérents de Maisons Paysannes de l'Oise s'associèrent à l'opération, au cours de stages, en garnissant à la main les espaces entre les pans de bois avec 25 tonnes de torchis. Le système des fusées fut utilisé pour la réalisation du plafond du premier étage (pièces de bois que l'on pose à cheval sur les solives après les avoir enroulées de paille et trempées dans de l'argile).

Enfin, le 31 décembre 1993, la maison en pans de bois et torchis fut ouverte au public et le 15 février 1994, le rez-de-chaussée fut inauguré en tant qu'espace d'exposition par l'association et la mairie. Le premier étage a été , quant à lui, concédé à l'association "Maisons Paysannes de l'Oise" pour y installer son siège. Pour celle-ci, la maison était considérée comme "unchamp d'application, un laboratoire idéal et un tremplin pour promouvoir les techniques traditionnelles du bâtiment. Elle allait devenir une véritable vitrine du savoir-faire.

Ce qu'il faut faire

********************************************************

1 - Etre simple, avoir le désir d'oeuvrer comme autrefois

2 - Se fixer un programme de restauration, le matérialiser sur le

papier, quitte à ne l'exécuter que progressivement

3 - Prendre garde à la composition et aux proportions tant de

l'ensemble que des détails. Rechercher avant tout l'harmonie.

4 - Se poser continuellement la question : dans tel cas, comment

les anciens auraient-ils fait ? Et agir de même.

5 - Conserver au bâtiment son caractère d'autrefois, même dans

les transformations ou agrandissements.

6 - Employer exclusivement les matériaux dans le rôle qu'ils

doivent jouer normalement.

7 - Guides les exécutants avec décision, ne pas changer d'avis,

mais comprendre leurs difficultés.

8 - Respecter l'environnement, le paysage, s'y incorporer, l'enrichir

par des apports d'arbres, les mais de l'homme, de fleurs, mais

sans exaération.

9 - Songer au voisin, s'harmoniser avec lui dans la mesure du

possible, le convaindre s'il y a lieu de ses erreurs, et, dans une

atmosphère de bonne entente, l'aider à les réparer.

10 - Propager les bonnes idées, tant auprès des particuliers que des

administrations. Tenter d'être au courant de ce qui se prépare

autour de vous, et agir avec conviction, pour éviter les

dégradations possibles.

Ce qu'il faut éviter

***************************************************

1 - Vouloir être original à tout prix, partisan du faux vieux.

2 - Agir au jour le jour, en suivant son intuition, pour

aboutir à des erreurs irréparables.

3 - Ajouter des éléments les uns aux autres menant à des

oppositions, d'où désordre.

4 - Réaliser à sa guise, en suivant sa fantaisie du moment,

en limitant sans comprendre.

5 - Agrandir ou surélever sous prétexte de nécessité, sans se

préoccuper de l'esthétique.

6 - Détourner les matériaux ou objets de leur usage naturel.

7 - Faire touter confiance aux exécutants sous prétexte

qu'ils sont du métier.

8 - S'imposer dans le paysage, le trouer, planter des arbres

exotiques, s'entourer de fleurs trop nombreuses et de

couleurs opposées.

9 - Ignorer l'entourage, se réfugier dans sa tour d'ivoire.

On n'est jamais seul.

10 - Se désintéresser de ce qui se passe autour de vous, sans

se rendre compte que la multiplication des petits efforts

permet de soulever des montagnes.

Liens:

ASSOCIATIONS ET INSTITUTIONS

Maisons Paysannes de France : www.maisons-paysannes.org

Conseil Régional de Picardie : www.picardie.fr

Conseil Général de l'Oise : www.cg60.fr

Mairie de Beauvais : www.beauvais.fr

Office de Tourisme du Beauvaisis : www.beauvaistourisme.fr

FNASSEM : www.associations-patrimoine.org

La FNASSEM (Fédération Nationale des Associations de Sauvegarde des Sites et Ensembles Monumentaux)

Fondation du Patrimoine : www.fondation-patrimoine.com

Les Amis du Vexin :www. lesamisduvexinfrancais.fr

www.sauvegarde-sausseron.a3w.fr/

Association Croix et Calvaires de l'Oise

Musée conservatoire de la vie agricole et rurale de l'Oise

lien inter délégation Oise Orne

MATERIAUX POUR LA RESTAURATION

Torchis prêt à l'emploi,enduit à la chaux,briques.... www.briqueterie-d-allonne.fr

Carrelages en terre cuite à l'ancienne: www.carrelages-de-st-samson.com

L'artiste Raymond Bayard

Maisons Paysannes de France : www.maisons-paysannes.org