SÉQUENCE SENTIMENT SENSATION

ACTIONS et MANIFESTATIONS

 
 

LA VIE À LA FERME DU CENTRE BOURG

La ferme, place de l’église, est dans ma famille depuis plus de cent ans.

Il faut que je vous dise combien il est agréable et reposant de vivre adossé à cette magnifique église avec ses vitraux, ses contreforts entre lesquels on plantait des fleurs.

Victor Vanhoutteghem et Lolo le mulet en 1939

La ferme a été tenue par mon grand-père maternel Victor Van Houtteghem puis par ses enfants : Germaine, Gabrielle et Octave.

Les ouvriers s’apprêtent à    

partir aux champs.

Germaine Vanhoutteghem trait dans la cour du bas.  

La cour du bas était réservée au bétail : vaches, chevaux, chèvres, porcs, lapins.

Au nord, se trouvait une grange très vaste, à 6 travées et soutenue par des contreforts, très antérieure au reste des bâtiments ; l’on y entreposait le grain en un immense tas.(bâtiment dans le fond avec son portail)

A côté, la forge permettait au maréchal-ferrant de ferrer sur place les chevaux de trait avec des fers chauffés à blanc que le maréchal plaçait sur la sole du sabot, dans une odeur de corne brûlée.Il trempait ensuite le fer dans l’eau pour le refroidir brusquement et clouait le fer sur le sabot, la jambe du cheval pliée contre le grand tablier de cuir qui protégeait l’artisan.

à14 h, départ pour les champs, les ouvriers montaient à cru, et les deux jambes du même côté (ni à califourchon, ni en amazone).

La jument que l’on attelait pour aller traire, à la belle saison, à la pâture route de Pont.

Quel plaisir, ces trajets en carriole, au rythme du trot du cheval !

Et les soirées, où nous attendions, émerveillés, collés au mur de l’étable, (pour ne pas gêner), la naissance d’un veau !


Et puis, l’art de faire une meule de paille !  Les ouvriers traçaient un cercle sur le sol, avec un piquet et une ficelle; et disposaient les bottes de paille sur le pourtour puis jusqu’au centre et sur plusieurs couches jusqu’à 4 m de haut pour terminer en une pointe conique parfaite.

Il fallait beaucoup de savoir-faire pour monter la meule sans qu’elle ne s’écroule !

Faucheuse pour le blé.

Les chevaux, percherons boulonnais, ardennais, puissants et valeureux, ( Bayard, Tonnerre,...)revenaient fourbus de leur journée de travail au champ. Il y en avait au moins une douzaine dans la ferme; ils étaient attelés deux par deux, par affinités, car ils devaient se supporter toute la journée au travail.


Le charretier les dételaient au portail de la cour du haut et les laissaient descendre, en liberté, au trot, jusqu’à l’abreuvoir, rempli au puits près de la cave, situé à l’orée de la cour du bas. Ils se désaltéraient à grandes lampées, et l’on voyait baisser le niveau de l’eau !


Les bottes sont déliées et secouées dans la batteuse, mue par un système de courroies jusqu’au moteur du tracteur ;

la paille sort derrière et le grain coule sur le côté dans des sacs que l’on remplace dès que l’un est plein.



Cela demande beaucoup de main-d’oeuvre!

La batteuse à grains (ce qu’il,en restait en 2009, avant d’être détruite par la mairie)

La dernière remorque de paille était pavoisée de branches, de fleurs et un grand repas fêtait la fin de la moisson avec tous ceux qui y avaient participé


Les machines outils étaient rangées dans les hangars le long de la cour de l’école, et les ballots de paille dans les deux hangars du haut (ex-AEVH).

Je me souviens de l’odeur de la terre à l’arrachage des pommes de terre que l’on ramassait à la main; les enfants et les femmes des environs venaient gagner quelques pièces.


Chaque sac rempli était marqué d’un objet personnel ou d’une poignée de fanes afin d’éviter toute controverse le soir, au moment du décompte!


Le fumier était entreposé en un tas dans la cour du haut avant d’être épandu dans les champs à l’automne.



Puis les champs étaient labourés puis hersés.




L’ouvrier guide les deux chevaux et maintient la herse le long de la ligne précédente dans le champ.

Le premier tracteur en 1940

Les tombereaux servaient à transporter le fumier jusqu’aux champs dans le bruit assourdissant de leurs roues cerclées de fer.


Ma grand-mère dans le potager de la cour du haut, a récolté des légumes qu’elle a placé dans son tablier replié en panière.

Quand on tuait le cochon, le charcutier s’installait dans la cour du bas, près du bâtiment à colombages, et immédiatement faisait les boudins après avoir fouetté le sang pour qu’il ne coagule pas et lavé les boyaux.

Puis il découpait les oreilles pelées et les coupait en petits morceaux et les distribuait aux enfants rassemblés autour de lui; tout était spectacle et les enfants des environs arrivaient à la ferme à toute occasion.


Les morceaux de viande étaient placés dans des grandes terrines cylindriques, salés et recouverts de saindoux fondu ; le tout était rangé dans la cave sous le bâtiment.


A ce propos, on note dans le journal de l’époque :


08/02/1922 : « Pendant la nuit, on a pénétré dans la cave de Monsieur Vanhoutteghem Victor, cultivateur, et soustrait une soixantaine de kilos de viande de porc placée dans un saloir. »



La ferme, c’était beaucoup de travail :


  1. -traire les vaches à la main, chaque vache a un nom, (marguerite, Noiraude..) un caractère ; elles sont plus ou moins faciles à la traite.

  2. -le lait était versé à travers une étamine posée sur un grand entonnoir dans des cruches en zinc ;

  3. -ces cruches étaient ensuite transportées dans la laiterie pour la vente du lait, la fabrication des fromages blancs au lait cru et entier,

  4. -le lent et fastidieux processus de fabrication du beurre avec une baratte à main…

  5. -le petit lait servait à faire une soupe au lait très appréciée de certains et que je détestais!


  1. -vider le fumier des étables et des écuries,


  1. -laver le linge à la main en le frottant à la brosse en chiendent avec un savon de Marseille, sur une planche placée dans un cuvier en zinc,

  2. -rincer le linge au lavoir, agenouillée sur une  cassette et l’essorer avec un battoir en bois.


  1. -Le lavoir de la rue Victor Hugo était double, il a été détruit dans les années 70.



Lavoir privé de la Peupleraie

- préparer le cidre avec les petites pommes du verger broyées et pressées ou avec de la frênette ( extrait de feuilles de frêne) quand les pommes étaient rares ; le jus était mis en tonneaux entreposés ci-dessous,

  1. -écraser les petites pommes de terre cuites dans un énorme chaudron et réduites en purée  pour les cochons,

  2. -préparer la nourriture des dindonneaux  : des oeufs durs mélangés avec des orties urticantes : un délice pour ces volatiles qui vivaient librement avec les poules dans la cour du haut, surtout dans le fumier!

  3. -nourrir les lapins,



Le soir, les ouvriers se lavaient sommairement le visage et les mains à la tonne d’eau de pluie dans la cour, avant de venir manger dans la salle commune.



la ferme était un lieu très convivial où se retrouvaient volontiers le charron Gaston Nicolas et le curé, l’abbé Léon Huquet pour un café fait avec une cafetière à chaussette qui restait en permanence sur le poële flamand l’hiver.

Les ouvriers saisonniers venus d’Espagne ou du Portugal pour biner les betteraves,

Les missionnaires de passage à Verneuil,

l’ aumônier des cultivateurs belges, qui se déplaçait de ferme en ferme,

les cousins,

les voisins ,

les enfants des alentours,


cela faisait un afflux continuel de personnes dans cette ferme!


HISTOIRE DES VANHOUTTEGHEM À VERNEUIL


L’origine se trouve en Belgique, en Flandres Occidentales, à Ingelmunster, où mon arrière-grand-père Joannes Vanhoutteghem se marie à Nathalie Verfaillie, le 16 août 1838 ; ils ont eu 8 enfants.


Verneuil est connu de la famille, car deux frères de la mère Nathalie Verfaillie sont installés à Verneuil depuis 1881: Charles-Louis qui est sabotier et Léon qui travaille comme maçon puis comme laitier.


Parmi les enfants de Joannes et Nathalie, Gustaaf (6/7/1873) marié à sa cousine Marie Verfaillie (15/3/1880) arrive à la ferme après son mariage en 1901, ses deux premiers enfants sont nés à Verneuil ; il repart en Belgique fin 1913.


 Henri, le plus jeune, (4/11/1884) marié à Bertha Vermandere, vers 1912.Il arrive à la ferme à la suite de Gustaaf. Ses trois premiers enfants naissent à Verneuil où il ne se plaît pas pour des raisons de santé et repart à Meulebeke vers 1921.


Victor  Vanhoutteghem, (8/8/1883) 7° enfant, épouse Eugénie Bruneel le 22 juin 1910 à Ingelmuster.

Ils sont arrives à Verneuil en 1910,  comme saisonniers (démariages de betteraves )se sont installés dans la petite ferme face à l’étang sur la route de Montlaville, vestige du petit château d’en bas.  (maison de Gardedieu ) ; les enfants y sont nés.

Victor et Eugénie s’installent dans la ferme de la place de l’église en 1922.


En octobre 1946, Germaine leur fille épouse Frans Van de Weghe et ils continuent à s’occuper de la ferme avec Victor et Eugénie, jusqu’au 24 novembre 1957. Leurs trois enfants Chrysta, Ulysse et Pascal sont nés dans cette ferme.


Eugénie s’éteint en 1954, j’avais 5 ans et je me souviens des deux chevaux noirs attelés en file à un corbillard noir aux ornements, broderies et glands argent.

Victor ne s’en remet pas et mourra en 1958.


La ferme sera tenue ensuite par Gabrielle Vanhoutteghem et son mari Pierre Hamelin jusqu’en 1973.

Octave Vanhoutteghem s’installe alors dans cette ferme devenue résidence avec son épouse Georgette Vanhoutteghem Lebeuf  qui y demeurera jusqu’à sa mort en octobre 2007. 

Quand Jean-Claude Hrmo devient maire en 1982, il achète la grange dîmière qu’il fait démolir en 1983,alors qu’elle est en bon état et dans le périmètre de l’église; il achète aussi le terrain de la cour du haut où l’AEVH s’installe.

Le reste de la ferme sera acheté par la mairie de Verneuil le 1er mai 2009.Cette ferme du centre bourg est donc restée chez les Vanhoutteghem de 1901 à 2009, soit durant 108 ans.

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